Monday, July 19, 2004

Encyclopédie : Carte de l'Algérie


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Encyclopédie : Histoire des juifs

juifs - Histoire des juifs
Peuple descendant des habitants de l'ancien royaume d'Israël et/ou membres de la communauté juive. Si le mot “Hébreux” désigne aujourd’hui les Juifs de l'Ancien Testament, celui de “Juif” apparaît à l'époque hellénistique (IVe-Ier s. av. J.-C.) et désigne la postérité des anciens Hébreux. Il convient de préciser que le mot "juifs" écrit sans capitale s'applique à ceux qui professent la religion judaïque ; on ne doit pas confondre "Israélien" (citoyen de l’État d'Israël) et "israélite" (de confession juive). “Israélite” (fils d'Israël) est parfois aussi le nom de l'habitant de l'ancien royaume d’Israël.

Les Hébreux

Les patriarches

Le récit biblique des premiers temps de l'humanité et d'Israël est contenu dans la Torah (le Pentateuque), les livres de Josué et des Juges. Après une première alliance entre Dieu et l'homme, à la suite du Déluge, c'est un descendant de Sem qui devient l'ancêtre d'Israël (ce fils de Noé donnera son nom aux Sémites). Abraham, homme juste et pieux, quitte son pays d'Ur en Chaldée et reçoit de Dieu une promesse qui s'accomplit à travers son fils Isaac et son petits-fils Jacob, lequel gagne le nom d'Israël : grâce au plus jeune des frères, Joseph, les douze enfants de Jacob peuvent s'établir en Égypte (Genèse). Le livre de l'Exode commence ensuite par le constat que, devenus "puissants", les Hébreux constituent une menace pour les Égyptiens, qui les oppriment pour la contenir. Les enfants d'Israël trouvent un défenseur en Moïse qui, avec l'aide de Dieu, les fait sortir d'Égypte. Une nouvelle alliance est symbolisée par le don des tables de la Loi, déposées dans l'Arche d'alliance, cœur du sanctuaire itinérant par lequel Dieu accompagne son peuple dans la traversée du désert, qui dure quarante ans. Moïse conduit ce peuple vers la terre "promise" de Canaan, conquise par Josué. Le territoire de Canaan est réparti entre onze tribus descendant des fils de Jacob, la douzième, celle de Lévi, étant "extraterritoriale", et la direction de cette fédération est assurée par des Juges.

Si la chronologie traditionnelle, reprenant certains chiffres de la Genèse, situe Abraham au XIXe et Moïse au XIIIe siècle avant notre ère, l'Histoire ne permet pas de confirmer ces dates. Les historiens considèrent que ce récit biblique est constitué par la fusion de légendes propres à des groupes humains établis en Palestine, sans doute proches par la langue.

L'hébreu est une langue proche de l'araméen, mais beaucoup plus localisée ; l'araméen a été une langue de communication dans tout le Proche-Orient, et on trouve dans le Deutéronome (26 ; 5) cette profession de foi : "Enfant d'Aram [ancêtre des Araméens], mon père était errant." Si l'hébreu est la langue dans laquelle la Bible a été écrite, et s'il fut à certains moments la langue nationale des Juifs, il semble que ceux-ci furent souvent bilingues, parfois même ignorants de l'hébreu. Le noyau de la Bible serait donc constitué des légendes propres à des tribus qui se seraient fédérées en deux groupes préfigurant les futurs royaumes d'Israël et de Juda (tardivement rattaché aux "douze tribus") ; une alliance politique, ou simplement tactique, contre leurs ennemis, sous la direction des Juges, a sans doute été accompagnée d'une communauté de croyances. Tous les témoignages (y compris celui de la Bible, qui déplore la vivacité du culte des "Baal") concordent à dire que les juifs furent aussi tentés par le polythéisme que leurs voisins. Leur histoire tout entière n'en est pas moins liée avec force à l'idée monothéiste et au combat qui a assuré son succès.

Les royaumes d'Israël et de Juda

L'expansion des Philistins depuis leur territoire de Gaza, incite le groupe des Israélites à se donner un roi (XIe s.) : les livres de Samuel et des Rois racontent l'histoire de Saül, auquel succède David, de la tribu de Juda, qui unifie les deux entités et s'empare de la ville de Jérusalem, dont il fait sa capitale, et auquel succède son fils Salomon (Xe s.) : cette brève période (70 ans) est restée dans la conscience juive comme l'âge d'or, le temps où Israël est une puissance régionale certes, mais "légitime" et fidèle à son Dieu ; Salomon se fait respecter de l'Égypte, de Tyr, du royaume arabe de Saba, et construit le Temple de Jérusalem, dans lequel est déposée l'Arche d'alliance. La Bible témoigne de cette grandeur, et attribue à des "dérives humaines", à un éloignement de Dieu, l'éclatement du royaume (931) qui, de fait, n'est que le retour à la situation antérieure : on distingue dès lors, au sud, le royaume de Juda (dont Jérusalem est la capitale) et, au nord, celui d'Israël (dont Samarie est la capitale), qui seront souvent opposés.

Le royaume d'Israël est plus grand et plus puissant que celui de Juda mais prend fin en 722, quand Samarie est prise par le roi assyrien Salmanasar V ; le royaume de Juda dure jusqu'en 587, date à laquelle le roi babylonien Nabuchodonosor s'empare de Jérusalem. Ces trois siècles sont aussi la période du prophétisme hébreu (Élie et Élisée, puis Amos et Osée pour Israël ; Isaïe, puis Jérémie et Ézéchiel pour Juda), qui témoigne d'une exigence religieuse (le monothéisme) et morale (la justice sociale) et intervient souvent pour déconseiller ce qui lui apparaît comme un aventurisme politique. Le royaume d'Israël donne naissance à la tradition samaritaine et s'effondre à cause d'un contentieux politico-religieux fratricide avec le royaume de Juda, qui ira en s'aggravant. La chute des deux capitales est suivie d'une déportation à Babylone des élites religieuses, politiques et techniques, qui marque le début de la première diaspora. Traditionnellement considéré comme ayant duré 70 ans, cet exil à Babylone s'achève en 538, date à laquelle le roi de PerseCyrus autorise les Juifs à retourner en Judée, qui demeure sous son autorité. Le Temple est restauré en 515 ; en 445, Néhémie, échanson juif du roi Artaxerxès, est envoyé à Jérusalem comme gouverneur : il y impose une réforme religieuse et sociale qui, après la réforme du roi de Juda Josias (622), ayant entraîné la désaffection des sanctuaires locaux, assure le triomphe du monothéisme officiel - de ce fait, on date souvent de l'activité de Néhémie, puis du prêtre Esdras en 398, la naissance du judaïsme et la rédaction du Pentateuque tel que nous le connaissons.

La période gréco-romaine

Le royaume de Juda, qui n'est guère que le territoire de la ville de Jérusalem et qui a toujours été dans une sphère d'influence "araméenne", subit ensuite le bouleversement de l'aventure d'Alexandre le Grand, macédonien qui a pris la tête des Grecs et se veut le successeur des rois de Perse : la Judée fait alors partie du monde hellénistique. Au IIIe siècle avant notre ère, elle est, comme les régions de Samarie et de Galilée, sous la domination des Lagides (les Ptolémées d'Égypte) ; en 198, elle passe sous la domination des Séleucides. La situation économique et politique incite nombre de Juifs à s'installer en Égypte : trois communautés juives existent, celle de Babylone, de langue araméenne et fidèle aux Séleucides ; celle d'Égypte, de langue grecque et fidèle aux Lagides ; et celle de Judée, de langue hébraïque. Cette dernière est politiquement et économiquement hellénisée, mais religieusement juive, et elle tire un profit économique de la prépondérance du Temple, auquel les Juifs se rendent en pèlerinage. C'est sans doute dès cette époque que, pour compenser la disparition des sanctuaires locaux, se généralise l'institution des synagogues, maisons d'étude et de prières prises en main par des rabbins (docteurs de la Loi) pharisiens. Alors que les Grecs (Hécatée d'Abdère, Théophraste) se font des juifs l'image de sages orientaux, les penseurs juifs (l'Ecclésiaste, l'Ecclésiastique) prennent leurs distances avec la sagesse grecque ; si le judaïsme ne semble guère tenter les païens, les Juifs de Palestine parviennent à maintenir l'unité avec la communauté égyptienne hellénophone en assurant la traduction grecque de la Bible (Septante).

Cet équilibre est brutalement rompu par la forte hellénisation à laquelle le roi juif Antiochos IV (Antiochos Épiphane), sans doute à l'instigation d'un parti "pro-helléniste", soumet la ville sainte en 167 : destiné à devenir un temple de Zeus, le Temple est profané (on y sacrifie des porcs), les coutumes juives (sabbat et circoncision) sont interdites, les pratiquants sont pourchassés. La révolte éclate, menée par la famille des Maccabées : Judas Maccabée reconquiert Jérusalem, purifie le Temple (164, origine de la fête de Hanoukka) et, pour lutter contre les Séleucides, fait appel aux Romains (161). Ses frères Jonathan et Simon rétablissent un État juif indépendant, instaurant la dynastie des Hasmonéens (142) : les dirigeants, portant le titre de grands prêtres puis de rois, se lancent dans une politique de conquête qui étend le territoire de la Judée à la Samarie (la capitale est détruite, ainsi que le temple de Sichem, en 128-127), à la Galilée et à l'Idumée (76). Ces succès n'empêchent pas une violente opposition religieuse : les sadducéens, parti des anciens prêtres, contestent le sacerdoce hasmonéen, que les esséniens refusent complètement ; les pharisiens, après avoir soutenu la nouvelle dynastie, s'opposent à l'hellénisation grandissante du pays. En 63 avant notre ère, une dispute dynastique entraîne l'intervention directe des Romains (Pompée), qui mettent à la tête de la Judée un Iduméen à peine judaïsé, Hérode : proclamé roi des juifs par le Sénat romain (37), il sait garder le soutien des Romains, éliminer sans pitié ceux qu'il soupçonne d'être ses opposants et apaiser les tensions religieuses, en dépit de l'hostilité des pharisiens ; il modernise le pays, aménage des forteresses comme Massada, et reconstruit le Temple de Jérusalem, tout en s'assurant le droit de nommer les grands prêtres.

C'est le fils d'Hérode, Hérode Antipas, qui est le Hérode des Évangiles : il règne de 4 av. à 39 apr. J.-C. C'est donc sous son règne que naît le christianisme, secte juive à l'origine mais rapidement devenue une religion concurrente du judaïsme, dont il reprend la composante universaliste. Depuis la révolte des Maccabées, la Judée est le théâtre d'une intense agitation religieuse, apocalyptique (livre de Daniel) et messianique : un des versants de cette activité est l'apparition de livres inspirés (Ecclésiaste). Ces livres (comme ceux des Maccabées), et les textes grecs du général et historien juif Flavius Josèphe, nous font connaître le judaïsme palestinien de l'époque. On estime à environ 8 ou 9 millions le nombre de Juifs dans le monde d'alors, dont 1 million en Égypte et 1 million dans l'empire parthe ; ces deux importantes communautés ne connaissent aucune agitation particulière alors qu'en Palestine la tension est croissante. La région passe sous l'autorité directe des Romains en 44 de notre ère. Vingt ans plus tard, une provocation religieuse déclenche la guerre des Juifs contre les Romains, qui dure de 66 à 70 (73 pour la chute de Massada). Sévèrement réprimée par Vespasien et par Titus, elle se termine par la destruction de Jérusalem et du Temple et voit le début de la seconde diaspora (second exil). En 132, la décision de construire sur les ruines de Jérusalem une ville païenne (Aelia Capitolina) déclenche la deuxième révolte juive. Son chef, Simon Bar Kosiba, est nommé Bar-Kokhba ("fils de l'Étoile", Nombres 24, 17) par certains rabbins, tel rabbi Akiba, qui veulent voir en lui le Messie. Il est battu en 135 : la répression est aussi terrible qu'en 70 et Jérusalem, devenue ville païenne, est interdite aux Juifs. Toutefois, peu après, l'empereur Antonin confirme que le judaïsme demeure religio licita ("religion autorisée") dans l'Empire romain.

Les Juifs dans la diaspora

Après 135, et pour dix-huit siècles, l'histoire des Juifs n'est plus liée à celle de la Judée : le Temple est détruit, le sacerdoce caduc, la capitale interdite. Il y a des communautés juives tout autour de la Méditerranée, et le judaïsme est solidement implanté àRome : plus méprisants qu'hostiles envers une religion dont les pratiques opiniâtres leur paraissent obscures, les intellectuels romains ne distinguent guère, dans un premier temps, entre les Juifs et les premiers chrétiens, alors que ces derniers attaquent souvent de front la civilisation en place. Durement persécuté, le christianisme n'en devient pas moins, au IVe siècle, la religion officielle de l'Empire : cette religion n'est guère tolérante, elle pourchasse férocement les hérétiques et ne manifeste guère de tendresse à l'égard de la religion mère qui, à ses yeux, a mis à mort son promoteur - la responsabilité du pouvoir romain dans l'exécution de Jésus apparaît presque nulle dans le Nouveau Testament.

Le judaïsme devient pharisien, accordant une grande importance à la Loi orale et à des prescriptions déduites du texte de la Bible, progressivement codifiées dans le Talmud. Une de ces prescriptions précise ce qu'est un Juif : on est Juif lorsque l'on est de mère juive ou lorsque l'on est converti - la conversion étant obligatoire pour qu'un enfant né de père juif seulement soit reconnu comme Juif (au siècle dernier, le judaïsme réformé, seul, a reconnu également la "patrilinéarité"). À supposer qu'il y ait eu une homogénéité ethnique dans l'ancien Israël, ce qui paraît peu vraisemblable, les Juifs ne sont pas seulement les descendants des anciens Judéens : bien que la chose soit mal connue, il ne fait aucun doute qu'à plusieurs époques il y a eu des conversions au judaïsme (par exemple chez les Khazars de la Russie orientale, vers les IXe-Xe s.).

On distingue traditionnellement un judaïsme ashkénaze et un judaïsme séfarade : il s'agit de deux noms de pays repris de la Bible et auxquels, au Moyen Âge, on a donné le sens d'Allemagne et d'Espagne ; par métonymie, les deux mots ont servi à distinguer le judaïsme occidental (les pays européens, sauf l'Espagne) et le judaïsme oriental (Espagne, Maghreb, Moyen-Orient), en fait beaucoup plus divers (il ne s'est, de fait, "séfaradisé" qu'après l'expulsion des Juifs d'Espagne) mais de moindre importance numérique. Il y a entre les deux communautés des différences de rituel, les ashkénazes ayant été influencés (via l'Italie) par les écoles palestiniennes, les séfarades ayant suivi les écoles babyloniennes : c'est ainsi que toutes les institutions rabbiniques sont actuellement "dédoublées" dans l'État d'Israël. Sans simplifier à l'excès une réalité complexe, on peut dire que les ashkénazes, ayant suivi un mouvement général d'occidentalisation, sont souvent plus "modernistes" (et moins pratiquants) que les séfarades.

Le judaïsme oriental

La mort de Théodose Ier, l'empereur qui fit du christianisme la religion officielle, marque le début de l'Empire byzantin (395) : la Palestine en faisait partie et reste sous sa juridiction jusqu'à l'arrivée des Arabes (en 634). Jérusalem (al-Quds, c'est-à-dire "la Sainte" en arabe) devient la troisième ville sainte de l'islam, et le calife Omar fait construire sur l'emplacement du Temple la mosquée Al-Aqsa. Le territoire passe sous la domination successive des Omeyyades, puis des Abbassides et des Seldjoukides : mais ces derniers doivent subir l'offensive des croisades (1099-1291), qui voient la prise de Jérusalem et le massacre de ses habitants, et l'instauration d'un royaume chrétien qui dure jusqu'en 1187. La Palestine est ensuite soumise au sultan d'Égypte Saladin et aux Mamelouks, avant de passer sous la juridiction des Ottomans (1517) ; elle est dominée directement par les pachas de Damas ou de Beyrouth, mais subit au XIXe siècle l'influence de l'Égypte. Entraînée dans l'aventure de l'expédition de Bonaparte, elle entre ensuite dans le jeu des colonialismes. Après la Première Guerre mondiale, elle devient un protectorat britannique (1923), le Royaume-Uni se déclarant officiellement favorable à l'instauration d'un "foyer national juif" (déclaration du ministre des affaires Étrangères, lord Balfour, en 1917). Ce n'est que progressivement que l'arrivée des Juifs se heurte au nationalisme arabe, qui se développe après la chute de l'Empire ottoman.

Les communautés juives de Palestine n'ont pas perdu leur importance : c'est à Yavneh (Jamnia) que, en 70, le rabbin Johanan ben Zakkai établit une académie dont le premier soin est de fixer un texte de la Bible lu jusqu'alors dans plusieurs recensions ; ce texte est aujourd'hui encore accompagné d'un appareil critique qui est celui dont l'ont muni les massorètes (docteurs ayant fixé le texte biblique) de Tibériade. Mais il y eut une autre massore, élaborée à Babylone, et Johanan ben Zakkai était le disciple du rabbin Hillel venu de Babylone : la prépondérance prise par la Mésopotamie, d'oùétaient d'ailleurs venus les réformateurs Néhémie et Esdras, est mise en valeur par le fait que, si le noyau du Talmud, la Mishna, est bien rédigé en hébreu, le commentaire de la Mishna, la Gemara, l'est en araméen ; le Talmud existe d'ailleurs lui-même en deux recensions, celle de Jérusalem et celle de Babylone, plus développée, qui devint la plus répandue. En 219, Abba Arikha, disciple du rabbin palestinien Juda ha-Nassi ("le Prince") à qui on doit l'initiative du Talmud, installe une académie à Soura, en Mésopotamie ; une autre académie célèbre se trouve à Nehardea et se fixera ensuite à Poumbeditha. Ce sont les principales écoles qui, compilant les opinions des rabbins, fixent le Talmud : on trouve dans ce dernier à la fois la Halakha, ensemble des préceptes qui régissent la vie de tous les juifs "rabbanites" (le Talmud étant rejeté par les karaïtes), et la Haggada, ensemble de récits légendaires et non normatifs qui expliquent les silences ou les énigmes de la Bible.

C'est également à Babylone que sont mis par écrit les Targums ("traductions" de la Bible en araméen) et que sans doute, prennent, naissance les premiers traités mystiques de la kabbale (littérature des Hekhalot). Les Juifs de la diaspora mésopotamienne n'ont pas été affectés par les turbulences de la Palestine : fidèles soutiens des Séleucides, ils n'ont connu aucun problème sous la domination des Parthes Arsacides (IIe s. av. - IIIe s. apr. notre ère) ; au Ier siècle, les souverains de l'Adiabène (ancienne Assyrie) se sont même convertis au judaïsme. Défenseurs d'une orthodoxie mazdéenne stricte, les Perses Sassanides (IIIe-VIIe s.) sont moins tolérants, mais la persécution était plus grande dans les territoires chrétiens soumis à Byzance : c'est une des raisons du bon accueil qui fut fait aux Arabes, de la Syrie au Maghreb (où les Juifs avaient été protégés par les Vandales, qui étaient des "hérétiques" ariens).

Les musulmans reconnaissent les Juifs (ainsi que les chrétiens et les mazdéens) comme "peuple du Livre" : à ce titre, ils sont soumis à un statut d'infériorité légale et assujettis à un tribut, mais, s'ils sont méprisés, ils ne sont pas persécutables. Cette condition de dhimmi fut généralement respectée, sauf dans des périodes de crise : en dehors de la dynastie berbère des Almohades (XIIe-XIIIe s.), seul le chiisme iranien, au XVIIe siècle, pratiqua une intolérance officielle dont les Juifs eurent à souffrir, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y eut pas de persécutions populaires. Mais la contribution des Juifs à la civilisation musulmane est grande : une partie de l'œuvre de l'Égyptien Saadia Gaon (Xe s.), grand adversaire du karaïsme qui prit naissance en Irak (VIIIe s.) avant de se répandre en Palestine, et la plus grande part de celle de l'Espagnol Maïmonide (XIIe s.) ont étéécrites en arabe avant d'être traduites en hébreu.

Le cas de la péninsule Ibérique est particulier : les Juifs ont eu à souffrir de l'Espagne wisigothique, et la civilisation arabo-andalouse apparaît souvent comme l'âge d'or des excellentes relations entre Juifs, chrétiens et musulmans. Des Juifs ont servi d'intermédiaires à la traduction de l'arabe en latin des œuvres philosophiques et médicales qui ont bouleversé la culture du Moyen Âge européen. Mais ils sont les victimes de la Reconquista chrétienne, et leur condition se dégrade à partir du XIVe siècle : désignés à la vindicte populaire par les dominicains et les franciscains, soumis comme "hérétiques" à l'Inquisition (instaurée en 1481), les Juifs sont expulsés d'Espagne et du Portugal à la fin du XVe siècle ; beaucoup, notamment des Portugais, se réfugient dans les provinces du Nord (Provinces-Unies), mais la plus grande partie, directement ou en passant par l'Italie, gagne le Maghreb. C'est en Orient que se développe la néo-kabbale d'Isaac Louria (à Safed, en Palestine), et qu'éclatent les crises du sabbatianisme (Sabbataï Zevi était un Juif de Smyrne) et du frankisme (cette dernière atteignit l'Europe de l'Est par les pays musulmans limitrophes) aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Le sort des Juifs en terre d'islam se dégrade à partir du XIXe siècle, du fait des problèmes économiques, sociaux et culturels éprouvés par un Empire ottoman confronté à une modernité agressive, du fait aussi de leur position jugée " intermédiaire" entre les musulmans et les chrétiens qui, eux, sont soutenus par des puissances coloniales : de médiateurs relativement favorisés, les Juifs deviennent alors, en plus des ennemis héréditaires, des traîtres... et peuvent être victimes des musulmans "orientaux" comme des chrétiens "occidentaux". Cet état de fait est aggravé par le "pro-germanisme" des Turcs, puis de certains chefs arabes lors des deux guerres mondiales : le développement d'un nationalisme arabe, d'abord relativement indifférent au sionisme, relaie une propagande antisémite qui s'est généralisée après la création de l'État d'Israël, où nombre de Juifs orientaux sont venus s'intégrer dans un modèle "ashkénaze" auquel ils ont parfois eu du mal à s'adapter.

Les communautés extrême-orientales

Le devenir des "tribus perdues", celles de l'Israël pré-exilique, qu'on a cherchées un peu partout et notamment en Amérique, a excité les imaginations... C'est à ces tribus perdues que, dans leur propre imaginaire, se rattachent les communautés juives extrême-orientales. Des juifs semblent s'être établis sur le continent indien dès le IVe-Ve siècle de notre ère, sur la côte de Malabar ; ils se regroupent à Cochin (dans l'actuel Kerala) au XVIe siècle pour échapper aux musulmans. Sous la domination successive des Portugais (XVIe s.), des Hollandais qui les utilisent comme interprètes (XVIIe-XVIIIe s.), et enfin des Anglais, ils se différencient eux-mêmes entre "blancs", "bruns" et "noirs", ce qui n'est pas sans rappeler le système des castes. Établis dans la région de Bombay, les Bné Israël ne semblent avoir pris ce nom qu'après les invasions musulmanes ; ils se spécialisent dans le pressage de l'huile. Au XVIIIe siècle enfin, des "Juifs de Bagdad", en provenance d'Irak, de Syrie et du Yémen, s'installent en Inde pour commercer ; ils se fixent à Bombay, à Calcutta et également à Singapour au XIXe siècle. En Chine, la présence des Juifs est attestée dès le VIIIe siècle : des communautés, sans doute venues de Perse, s'établissent à Kaifeng (dans le Henan) ; au XVIIIe siècle encore, le père Ricci et ses confrères jésuites les rencontrent. Aussi bien en Inde qu'en Chine, les Juifs ne subissent aucune discrimination des populations locales, même s'ils sont parfois victimes des musulmans ou des chrétiens. Leurs communautés sont remarquablement assimilées, au point que cela met leur spécificité en danger : la religion est difficile à maintenir "pure" lorsqu'il n'y a pas de contact avec l'extérieur - de ce point de vue, la disparition des jésuites en Chine fut suivie de la disparition de communautés qui n'étaient plus soutenues spirituellement, même par ces "frères ennemis". Il y eut parfois un syncrétisme (mélange de doctrines religieuses) en Inde, mais la présence étrangère due au colonialisme permit à ces communautés de demeurer juives jusqu'au XXe siècle, et beaucoup émigrèrent alors en Israël.

Le judaïsme occidental

L'édit de Caracalla (212) accorde aux Juifs, comme à tous les sujets libres de l'Empire, la citoyenneté romaine. Le droit romain continue à être appliqué après les invasions germaniques et, s'ils ont à souffrir de l'hostilité des autorités chrétiennes, les Juifs n'en sont pas moins protégés par l'opinion de saint Augustin, qui veut qu'ils demeurent comme peuple témoin de la vérité du christianisme. Établis dès l'Antiquité en Italie, en Espagne et en Gaule, les Juifs sont surtout commerçants, jusqu'à ce que cette activité leur soit interdite. Durant le haut Moyen Âge, installés aussi bien dans les villes que dans les campagnes, ils ne se distinguent guère des chrétiens et vivent avec eux dans un bon voisinage qui alarme parfois les autorités ecclésiastiques, lesquels redoutent leur influence religieuse. Les Juifs maintiennent l'étude de la langue sainte, mais parlent la langue du pays où ils vivent, comme le montre l'exemple de Rashi ; ceux de ses coreligionnaires qui accompagnent les Normands en Angleterre après 1066 parlent également français. Les communautés établies en Rhénanie, elles, parlent le yiddish, langue germanique (qui s'enrichit de mots hébreux et, plus tard, slaves) à laquelle leur expansion donnera une grande importance culturelle.

La situation se dégrade pourtant dès cette époque : la ferveur des croisades entraîne des exactions populaires contre les supposés ennemis du Christ, qui sont dans l'ensemble protégés par la hiérarchie ecclésiastique ; des massacres et des conversions forcées ont lieu. Les croisades ne sont que l'aspect religieux d'un bouleversement économique qui voit une transformation et une "christianisation" de la société : le temps où l'on construit des cathédrales est aussi celui de la constitution de guildes dont le caractère confessionnel exclut les Juifs comme autant de concurrents ; ce mouvement les cantonne dans l'exercice d'activités économiquement nécessaires mais théologiquement condamnées, telle l'usure : cette spécialisation, tout en isolant les Juifs des activités "normales", donc en accentuant leur coupure d'avec la société chrétienne, les expose par surcroît au mécontentement populaire qui frappe ceux qui font commerce de l'argent et s'enrichissent "sans travailler". D'autres activités traditionnelles des Juifs, comme la médecine dans le midi de la France, leur deviennent interdites car elles supposent une familiarité avec les chrétiens qui apparaît dangereuse. Le XIIe et le XIIIe siècle, pendant lesquels les Juifs font preuve d'une intense activité culturelle (kabbale en Provence et en Espagne) et religieuse (mouvement piétiste des Hasidé Aschkenaz, qui exaltent le martyre, en Allemagne), sont aussi la période des grandes hérésies chrétiennes. Dénoncés avec les cathares et les vaudois au quatrième concile du Latran (1215), les Juifs sont astreints par Louis IX au port de la rouelle, et ils sont victimes de la peur et de la diabolisation de l'hérésie qui se répand en Europe du XIVe siècle (Grande Peste) au XVIe siècle (procès pour sorcellerie) : des accusations aberrantes de meurtre rituel sont régulièrement portées contre eux. Le XVIe siècle voit la généralisation des ghettos (du nom d'un quartier de Venise), c'est-à-dire non pas la création de quartiers propres mais le confinement obligatoire dans des quartiers interdits d'accès aux chrétiens.

En dehors du cas particulier de l'Espagne wisigothique, le haut Moyen Âge n'avait pas connu d'antijudaïsme systématique ; la fin du Moyen Âge voit un mouvement général d'expulsion des Juifs : les gouvernants ont une politique ambiguë qui vise surtout à tirer le plus de profit de ces populations vulnérables. Au XVIe siècle, les Juifs deviennent de plus en plus une population "sans terre", au moment même où la Réforme aboutit à une "régionalisation" de la religion qui conduira de fait à une intolérance religieuse dont, au siècle suivant, seront victimes les protestants en France ou les catholiques en Angleterre. Ce problème aboutit, dans les consciences aussi bien chrétiennes (Guillaume Postel, au XVIe s.) que juives (Manasseh ben Israël, XVIIe s.), aux premiers "projets" de retour des Juifs dans la terre d'Israël.

L'antijudaïsme théologique est ravivé par les ordres mendiants, proches du peuple. Et les problèmes de "pureté du sang" que pose à certains chrétiens espagnols la présence, après l'expulsion de 1492, de juifs convertis de force et suspectés de pratiquer en secret (les marranes) annoncent déjà un véritable antisémitisme. Parallèlement, les soucis de la Réforme religieuse amènent une meilleure connaissance de la religion juive (l'hébraïsant chrétien Jean Reuchlin défend le Talmud contre les dominicains de Cologne, au début du XVIe siècle), puis une prise de conscience des liens entre ces "témoins" d'une religion supposée caduque et les origines chrétiennes (traduction par Richard Simon, en 1674, des Cérémonies des Juifs, que le rabbin italien Léon de Modène avait décrites un demi-siècle auparavant). Certains philosophes du XVIIIe siècle sont hostiles à un peuple sans attaches, que l'on rend responsable des superstitions contre lesquelles luttent les Lumières ; l'idée de tolérance, qui profitera aussi aux Juifs, a pourtant été répandue par les Lumières...

Les philosophes ont souvent été attirés par les souverains d'Europe orientale, et c'est justement en Europe orientale que les Juifs émigrent à partir du XVe siècle : en Allemagne (où l'Empire romain germanique est très morcelé) ou aux Pays-Bas, ils profitent d'une tolérance de fait ou de droit ; s'installant en Bohême, en Lituanie, en Pologne, ils bénéficient au XVIe siècle d'une structure particulière, le shtetl, bourgade proprement juive où ils jouissent de la protection des seigneurs. Toutefois, leur situation se dégrade au XVIIe (guerre de Trente Ans, révolte des cosaques de Khmelnitski) et au XVIIIe siècle (partition de la Pologne, qui les met sous la domination de la Russie, où ils sont interdits) : malgré la présence de "juifs de cour", riches et puissants, une grande partie de la population se paupérise. C'est en Pologne que se développe le hassidisme, tandis que l'Allemagne voit à la même époque l'essor des "Lumières juives" (la Haskala).

Paradoxalement, les acquis de la Révolution française (droits civiques accordés par l'Assemblée constituante) puis du premier Empire (création du Consistoire sous Napoléon, mais aussi restriction des droits civiques en 1808) se retournent contre les Juifs, avant que des théoriciens conservateurs fassent d'eux la source de tous les troubles, lorsque cet "héritage" est remis en question. La situation des Juifs s'aggrave en Allemagne au XIXe siècle, et les pogroms (massacres "populaires" souvent contrôlés) se généralisent en Russie. Dans le même temps se développent les théories racistes qui aboutissent à l'antisémitisme "de droite", tandis que l'assimilation des Juifs au grand capital ("justifiée", de façon très sommaire, par la réussite de quelques grandes familles comme les Rothschild) entretient l'antisémitisme "de gauche" (Proudhon) : alors que la majorité des Juifs français semble opter pour l'assimilation (qui entraîne souvent une déjudaïsation), l'affaire Dreyfusébranle les consciences mais ne remet pas fondamentalement en cause la confiance dans la République et ses idéaux. Il est toutefois indéniable qu'elle apporte un soutien au sionisme (Theodor Herzl) qui se développe parallèlement aux différentes "questions nationales" préludant au premier conflit mondial. On observe à l'époque un débat très vif quant au statut de la langue hébraïque, promue en Europe puis en Palestine par Eliezer ben Yehoudah contre ceux qu'horrifie l'emploi profane de la langue sainte et qui recommandent l'usage du yiddish.

Les difficultés économiques et religieuses entraînent, au XIXe siècle, un vaste courant d'émigration vers les États-Unis, et le souci des communautés orientales qui accompagne l'expansion coloniale des pays européens voit à la même époque la création d'instances internationales comme l'Alliance israélite universelle (1860), qui favorise la création d'écoles et s'inquiète des conditions de plus en plus difficiles que connaissent les Juifs des pays arabes. Parallèlement à la mise en place d'un orientalisme "laïc" auquel participent les historiens Juifs, la communauté juive reprend conscience de pans de son histoire méconnus (la tradition mystique) ou complètement oubliés (redécouverte des communautés samaritaines et karaïtes).

Au début du XXe siècle, le judaïsme occidental représente la très grande majorité du judaïsme mondial (7 millions de personnes sur 7 millions et demi). Mais il connaît les incessantes et souvent violentes campagnes d'organes de presse d'extrême droite, mollement condamnées par l'ensemble de la hiérarchie romaine et timidement contestées par les instances protestantes dans une Europe majoritairement chrétienne. Cette situation, aggravée en France par les lois du gouvernement de Vichy, trouve un tragique aboutissement avec les persécutions de l'Allemagne nazie. Le judaïsme est frappé de plein fouet par la catastrophe de la Shoah, qui fait 6 millions de victimes. La politique d'extermination nazie est toutefois refusée par de rares pays (les pays scandinaves, la Bulgarie) et, pendant un certain temps au moins, par l'Italie fasciste. Après la guerre, nombre de Juifs rejoignent l'État d'Israël, notamment ceux qui vivent dans des pays où l'antisémitisme est demeuré vivace, comme les pays de l'Est (persécutions staliniennes contre le "cosmopolitisme" puis le "sionisme" ou l'"américanisme" des Juifs soviétiques).

Voir articles complémentaires :
Juifs - L'art juif


Hébreux




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Liens sur les juifs d'Algérie

www.zlabia.com

http://www.herodote.net/histoire10241.htm

Encyclopédie : Traité de la Tafna

traité de la Tafna


Le traité qui suit a été convenu entre le lieutenant-général Thomas Bugeaud, artisan de la conquête de l'Algérie, et l'Emir Abd El Kader le 30 mai 1837.

ARTICLE 1. L'Emir Abd El Kader reconnait la souveraineté de la France.

ARTICLE 2. La France se réserve, dans la province d'Oran, Mostaganem, Mazagran, et leurs territoires ; OranArzew, et un territoire — limité comme suit : à l'est par la rivière Macta, et les marais dont elle sort ; au sud, par une ligne partant des marais précités, passant par les rives sud du lac, et se prolongeant jusqu'à l'Oued Maleh dans la direction de Sidi Said; et de cette rivière jusqu'à la mer — appartiendra aux Français. Dans la province d'Alger, Alger, le Sahel, la plaine de la Mitidja limitéà l'est par l'Oued Khuddra, en aval ; au sud par la crête de la première chaîne du petit Atlas, jusqu'à la Chiffa, jusqu'au saillant de Mazafran, et de là par une ligne directe jusqu'à la mer, y compris Coleah et son territoire... seront français.

ARTICLE 3. L'Emir aura l'administration de la province d'Oran, de celle du Tittery, et de cette partie de la province d'Alger qui n'est pas comprise à l'est, à l'intérieur des limites indiquées par l'article 2. Il ne pourra pénétrer dans aucune autre partie de la régence.

ARTICLE 4. L'Emir n'aura aucune autorité sur les Musulmans qui désirent résider sur le territoire réservéà la France ;mais ceux-ci seront libres d'aller résider sur le territoire sous administration de l'Emir ; de la même façon, les habitants vivant sous l'administration de l'Emir pourront s'établir sur le territoire français.

ARTICLE 5. Les Arabes habitant sur le territoire français jouiront du libre exercice de leur religion.Ils pourront construire des mosquées et accomplir leurs devoirs religieux en tous points sous l'autorité de leur chefs spirituels.

ARTICLE 6. L'Emir livrera à l'armée française 30 000 mesures de blé, 30 000 mesures d'orge et 5 000 boeufs.

ARTICLE 7. L'Emir aura la faculté d'acheter en France, la poudre, le souffre, et les armes qu'ils demandera.

ARTICLE 8. Les Kolouglis désirant rester à Tlemcen, ou ailleurs, y auront la libre possession de leurs propriétés, et seront traités comme des citoyens. Ceux qui désirent se retirer dans le territoire français, pourront vendre ou louer librement leurs propriétés.

ARTICLE 9. La France cède à l'Emir , Rachgoun, Tlemcen, sa citadelle, et tous les canons qui s'y trouvaient primitivement.L'Emir s'engage à convoyer jusqu'à Oran tous les bagages, aussi bien que les munitions de guerre, appartenant à la garnison de Tlemcen.

ARTICLE 10. Le commerce sera libre entre les Arabes et les Français. Ils pourront réciproquement aller s'établir sur chacun de leurs territoires.

ARTICLE 11. Les Français seront respectés parmi les Arabes, comme les Arabes parmi les Français. Les fermes et les propriétés que les Français ont acquises, ou pourront acquérir, sur le territoire arabe, leur seront garanties. Ils en jouiront librement, et l'Emir s'engage à les indemniser pour tous les dommages que les Arabes pourront leur causer.

ARTICLE 12. Les criminels sur les deux territoires, seront réciproquement livrés.

ARTICLE 13. L'Emir s'engage à ne remettre aucun point de la côte à aucune puissance étrangère, quelle qu'elle soit, sans l'autorisation de la France.

ARTICLE 14. Le commerce de la Régence ne passera que par les ports français.

ARTICLE 15. La France maintiendra des agents auprès de l'Emir et dans les villes sous sa juridiction, pour servir d'intermédiaires aux sujets français, dans tous les différends commerciaux qu'ils pourront avoir avec les Arabes .L'Emir aura le même privilège dans les villes et ports français.

La Tafna, le trente mai dix huit cent trente sept.

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Encyclopédie : Algérie Culture

Algérie - Culture
Littérature

La littérature algérienne est marquée par l'obligation d'un choix de la part des auteurs entre l'arabe et le français : l'influence durable de la domination linguistique et culturelle de la France en Algérie, jointe au besoin pour les écrivains de trouver une audience, amène nombre d'auteurs à s'exprimer en français mais leurs œuvres n'en demeurent pas moins profondément nationales, et des écrivains comme Muhammad Ettamar et le poète Abdallah Cheriet (Cendres , 1970) étudient les problèmes théoriques que posent les littératures, d'expression arabe d'une part, française d'autre part, face à la culture arabe et islamique dans son ensemble.

C'est le domaine de la poésie qu'illustrent principalement les auteurs algériens de langue arabe : d'abord essentiellement politique, avec Abd el-Karim Akkoun (1915-1949) et Moufdi Zakariya (né en 1912), elle trouve une inspiration sociale avec Abou el-Quassem Saad Allah , et se fait plus personnelle et lyrique avec un poète comme Mohammed el-Akhdar el-Saïhi (né en 1917), auteur des recueils Murmures et Cris et L'Inspiration du Sahara . Le roman de langue arabe, peu développé, est cependant représenté par Abd el-Hamid ben Haddouqa (né en 1925), auteur de L'Algérie entre le passé et le présent et de plusieurs recueils de nouvelles.

La littérature algérienne de langue française

Elle se définit moins par le lieu de naissance des auteurs (on n'y compte pas Albert Camus, pourtant auteur de belles pages sur l'Algérie, où il est né) que par le souci de contribuer à forger culturellement le pays. Tel est le cas, dès avant la guerre d'indépendance (1954-1962), du poète kabyle Jean Amrouche (1906-1962), qui réunit les Chants berbères de Kabylie (1939) et donne avec L'Éternel Jugurtha (1946) un essai emblématique de ce qui sera, pour beaucoup d'écrivains algériens, la quête de la " vraie patrie ". Tel est le cas aussi de sa sœur, Marguerite-Taos Amrouche (1913-1976), première femme algérienne à avoir été publiée (Jacinthe noire , roman autobiographique, 1947), du poète Jean Sénac (1926-1973), entièrement liéà l'Algérie nouvelle, et des pères de la littérature algérienne de langue (et de forme) française : les romanciers Mouloud Feraoun (1913-1962 ; Le Fils du pauvre , 1950), Mohammed Dib (né en 1920 ; La Grande Maison , 1952 ; L'Incendie , 1954 ; Le Métier à tisser , 1957), Mouloud Mammeri (1917-1989 ; Le Sommeil du juste , 1955) et Kateb Yacine , le plus ardent, le plus novateur et dont Nedjma (1956) reste le livre phare de cette littérature et de cette nation " en gestation ".

La société en question

Après 1962, les écrivains algériens ont à définir une nouvelle attitude. Kateb Yacine garde ses distances. Il ne rentrera en Algérie qu'en 1972 et se tournera alors vers l'animation théâtrale, écrivant pour sa troupe des pièces en arabe populaire. Ceux qui ne se satisfont pas de célébrer les héros de la guerre d'indépendance exercent leur esprit critique sur les mécanismes du nouveau pouvoir (Mouloud Mammeri, L'Opium et le bâton , 1965) et, plus profondément, sur la société algérienne et la culture traditionnelle. Ils en dénoncent les facteurs d'oppression, notamment à l'égard des femmes (Rachid Boudjedra , né en 1941 : La Répudiation , 1969 ; Assia Djebar , née en 1936 : Femmes d'Alger dans leur appartement , nouvelles, 1980). Ils s'en prennent, dans des récits-apologues parfois très vigoureux, aux tares sociales, au goût de la violence, aux valeurs fossilisées. Rachid Mimouni (1945-1995) publie Tombéza en 1984 et L'Honneur de la tribu en 1989. Tahar Djaout (1954-1993), par trop irrespectueux de la prédication coranique (L'Invention du désert , 1987), sera assassiné par des intégristes.

Pour d'autres, au contraire, l'Algérie tend à devenir la source d'un imaginaire profond et une référence culturelle plus qu'une réalitéà laquelle se confronter dans l'urgence. L'histoire des Berbères est ainsi au cœur de l'œuvre de Nabile Farès (né en 1940 ; Le Champ des oliviers , 1966), et celle de l'Algérie constitue le sujet même du grand roman d'Assia Djebar, L'Amour, la fantasia (1985). Pour Mohammed Dib, les réalités algériennes semblent s'éloigner au profit de la méditation et du travail d'écriture (Feu beau feu , poésie, 1979 ; Les Terrasses d'Orsol , roman, 1985 ; Le Sommeil d'Ève , roman, 1989).

La littérature des " beurs "

À la littérature algérienne, il faut rattacher celle des " beurs ", nés et vivant en France, pour qui l'" algérianité " reste déterminante. Parmi ces " écrivains des deux rives " (selon une expression désormais consacrée), la plus connue est Leïla Sebbar (née en 1941), dont la Shéhérazade exprime de façon typique cette double appartenance : Shéhérazade (1982), Le Fou de Shéhérazade (1985), Les Carnets de Shéhérazade (1991).

Cinéma

L'Algérie, dont le réseau de salles est le plus important d'Afrique, avait dès l'indépendance créé une structure de protection nationale. Issu du maquis et directeur de l'Office national du cinéma algérien, Mohammed Lakhdar-Hamina est indéniablement resté la plus forte personnalité du cinéma algérien. Après la sobre et douloureuse évocation, dans Le Vent des Aurès (1966), du courage quotidien d'un peuple incarné symboliquement par une mère à la recherche de son fils mort au combat pour l'indépendance, il signe des œuvres résolument didactiques, destinées au public international : Chronique des années de braise (Palme d'or au festival de Cannes, 1975) et Vent de sable (1982), peinture accusatrice de la condition féminine dans la société coranique.

La guerre d'indépendance fut longtemps l'une des sources d'inspiration majeures du jeune cinéma algérien. Des cinéastes de grand talent, comme Ahmed Rachedi (L'Aube des damnés , 1965 ; L'Opium et le bâton , 1970) ou Abdellaziz Tolbi (Noua , 1972), lui consacrèrent des films dont le souffle épique et la richesse visuelle exaltaient, à la manière du cinéma soviétique des années 1920, l'idéal révolutionnaire.

C'est toutefois en France que Okacha Touita devait tourner Les Sacrifiés (1982), qui évoque avec beaucoup d'honnêteté et de courage les dissensions souvent cruelles qui opposèrent les militants nationalistes du FLN à ceux du Mouvement nationaliste algérien (MNA ).

Outre ce souci historique d'évocation d'un passé récent, l'analyse du monde contemporain, un regard critique sur le présent, l'examen subtil des conflits entre l'ancien et le nouveau mode de vie, de ce que l'un et l'autre peuvent avoir de positif, constituent les autres points forts du cinéma djiddid (nouveau). Les thèmes exploités sont le nouveau rôle de la femme, l'entrave au changement que représentent les codes traditionnels régissant la famille et le mariage, la remise en cause des habitudes sexuelles, l'urbanisation sauvage, les rapports avec le tiers-monde, d'une part, et le modernisme (l'occidentalisation), d'autre part. Mohamed Bouamari fut le premier à tenter de répondre aux problèmes posés par la difficile transition entre l'ancienne et la nouvelle société algérienne dans ses films plongés dans le quotidien : Le Charbonnier (1972) et L'Héritage (1974). Plus tard, Les Fils du vent , de Brahim Tsaki , décrit une réalité vue par les yeux d'enfants, qui sont les premiers à souffrir de ces problèmes actuellement sans solution. Dans Omar Gatlato (1976), radiographie ironique et amère d'un fonctionnaire des douanes faite par lui-même, et dans L'homme qui regardait les fenêtres (1982), où il demande quel peut être le sens de la vie pour un travailleur algérien, Merzak Allouache poursuit l'analyse implacable des habitudes sociales et de leurs contradictions. Un toit, une famille (1982), de Rabah Laradji , a pour sujet un mariage arrangé par les parents mais surtout la difficile recherche d'un toit par les époux. Dans Une femme pour mon fils (1983), tiré de l'un de ses romans, Ali Ghanem pose le problème de la condition féminine. Mais l'œuvre la plus nouvelle par son style est peut-être Les Folles Années du twist (1983), de Mahmoud Zemmouri , à qui l'on devait déjà l'original Prends 10 000 balles et casse-toi (1981), consacré au délicat problème de l'immigration algérienne en France.

Les difficultés politiques et le développement du terrorisme intégriste ont progressivement tari les sources d'inspiration du cinéma algérien, dont la production n'atteint même plus dix longs métrages par an. Quelques cinéastes parviennent encore à se faire l'écho d'une réalité de plus en plus occultée par la censure et le centralisme : Mohamed Chouikh (Youssef , 1993), Mahmoud Zemmouri (L'Honneur de la tribu , 1993) ou le toujours caustique Merzak Allouache (Bab-el-Oued Story , 1994) permettent de ne pas désespérer d'une cinématographie dont l'avenir est tout aussi incertain que celui du pays.

Voir articles complémentaires :
Algérie - Géographie
Algérie - Histoire




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Encyclopédie : Algérie Histoire

Algérie - Histoire
Le territoire de l'Algérie a été peuplé dès le paléolithique, ainsi qu'en témoignent les vestiges découverts à Ternifine qui remontent à 500 000 ans av. J.-C. Le pays est habité par des populations berbères avant même la période historique, et il est occupé par les Phéniciensà la fin du Ier millénaire av. J.-C. Placé dans l'orbite de Carthage, qui possède sur ses côtes de nombreux comptoirs, il connaît alors un essor commercial remarquable. Après l'effondrement de Carthage à l'issue de la deuxième guerre punique (202 av. J.-C.), il fait partie du royaume de Numidie et est l'objet des convoitises de Rome . Triomphant en 105 av. J.-C. de l'opposition farouche du roi Jugurtha, Rome donne la Numidie à la Maurétanie, avant d'entreprendre sa conquête en 46 av. J.-C. La colonisation romaine, qui permet l'émergence d'une brillante civilisation urbaine et vise à l'assimilation des populations indigènes, se limite toutefois à la zone côtière, tandis que les tribus berbères sont maintenues à distance par l'édification d'une ligne discontinue de fortifications, le limes. La région est christianisée dès le IIIe siècle apr. J.-C. et saint Augustin, évêque d'Hippone (Bône), témoigne de son rayonnement spirituel au Ve siècle. L'invasion des Vandales (429) désorganise le cadre romain, et la reconquête menée par Byzance (533) reste limitée à la côte orientale : dans le reste du pays se constituent des principautés berbères qui opposent une résistance acharnée à la conquête arabe, achevée par 'Uqba ibn Nafi' en 681.

L'Algérie musulmane

Malgré une islamisation rapide, l'Algérie retrouve vite une certaine autonomie par rapport aux califes Omeyyades puis Abbassides. Une hérésie religieuse, le kharidjisme, s'impose de 761 à 911 à Tahert, où se constitue le royaume des Roustémides. Les tentatives de reprise en main des califes Fatimides restent limitées : ils envoient vers 1050 les bandes armées des Banu Hilal, venus d'Égypte, pour soumettre les tribus berbères, mais le pays passe vers 1080 sous l'autorité des Almoravides, venus du Maroc, puis des Almohades. Ceux-ci constituent à partir de 1147 un grand empire maghrébin qui s'étend de l'Espagneà la Tunisie. Trop vaste, leur empire se morcelle dès le XIIIe siècle en plusieurs royaumes : ceux des Hafsides, des Mérinides et des Abdelwadides. Les limites de l'Algérie correspondent au royaume abdelwadide de Tlemcen (ou Tilimsen), fondée en 1235, et à la partie du royaume hafside qui englobe Bougie et Constantine.

L'emprise ottomane

Au XVIe siècle, les conquêtes espagnoles obligent les musulmans à faire appel pour leur défense à des corsaires turcs, dont le célèbre Khaïr ed-Dine, dit Barberousse. Mais ceux-ci en profitent pour s'assurer le contrôle de la plus grande partie du territoire algérien et se placent en 1533 sous l'autorité nominale de l'empire ottoman. Ainsi naît la Régence d'Alger, où le sultan est représenté par un pacha puis par un dey, plus autonome. Le pays connaît des rentrées d'argent massives, qui favorisent la constitution d'une oligarchie aisée. Aux impôts prélevés pour le compte du sultan, et dont une partie reste acquise aux agents qui les perçoivent, s'ajoutent les recettes de la piraterie et du rachat par les États chrétiens de leurs ressortissants réduits en esclavage. Stable et prospère jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la Régence d'Alger doit ensuite faire face à la diminution des profits de la piraterie, et à plusieurs révoltes religieuses ou kabyles.

À la suite d'une affaire particulièrement embrouillée de créances impayées, le dey Hussein soufflette en 1827 le consul de France. L'incident, mineur, est exploité par le gouvernement de Charles X, auquel il offre une diversion à ses graves difficultés intérieures : Alger est prise par le général Clauzel le 4 juillet 1830.

La présence française

En quelques mois, les Français occupent la plus grande partie du littoral algérien mais, en 1834, le nouveau roi Louis-Philippe n'envisage encore qu'une occupation restreinte qui ménage le pouvoir des chefs locaux de l'intérieur. Cependant, la résistance du bey de Constantine et surtout de l'émir Abd el-Kader, qui mène la guerre sainte contre les Français dans l'ouest du pays jusqu'en 1847, pousse la France à intensifier ses opérations militaires, dans lesquelles s'illustrent les généraux Bugeaud et Lamoricière et le prince de Joinville. Des rébellions sporadiques continuent toutefois d'éclater jusqu'en 1871, malgré une administration plus favorable aux indigènes sous le Second Empire. C'est alors que commence la colonisation systématique de l'Algérie : les immigrés européens, au nombre de 25 000 à peine en 1840, sont 109 000 en 1847. À la fin du Second Empire, on compte près de 130 000 colons français et 115 000 colons d'autres pays européens. Le décret Crémieux, qui accorde en 1871 la citoyenneté française à tous les juifs d'Algérie, creuse encore le fossé entre, d'une part, la minorité juive et les colons européens (les pieds-noirs) et, d'autre part, la population musulmane, qui est privée par le Code de l'indigénat (1881) de tous les droits politiques. Si elle permet la mise en valeur des terres, la construction de routes et de chemins de fer, et le développement du commerce, la colonisation, qui ne s'accompagne même pas de l'alphabétisation des masses musulmanes (moins de 6 % d'enfants indigènes scolarisés en 1929), aboutit à l'expropriation généralisée des paysans, obligés d'émigrer vers les villes ou vers la France métropolitaine, et marginalise les anciennes élites musulmanes. Exploitée par une partie des colons, acquise au nationalisme d'extrême-droite, cette situation entraîne à l'occasion de l'affaire Dreyfus (1898) une première explosion d'antisémitisme. Pour se rallier les colons, le gouvernement reconnaît alors à l'Algérie un statut particulier et la dote d'un budget spécial (1900).

La montée des revendications

La renaissance de l'islam au début du XXe siècle sous l'influence du mouvement de la Nahda coïncide avec la montée générale du nationalisme arabe dans l'Empire ottoman. Les revendications des Arabes ne visent d'abord qu'à obtenir l'égalité des droits avec les Européens. En reconnaissance du loyalisme des musulmans lors de la Première Guerre mondiale, la France accorde en 1919 certaines concessions d'ordre fiscal et politique qui ne touchent que quelques milliers de personnes. L'opposition se radicalise alors sous l'impulsion de l'émir Khaled et du cheikh Ben Badis, qui militent pour une Algérie indépendante et musulmane. Cependant, c'est surtout parmi les travailleurs émigrés en métropole que recrute le mouvement nationaliste et révolutionnaire, qui est conduit depuis 1927 par Messali Hadj. Le Front populaire, dont l'Étoile rouge de Messali Hadj est partie prenante, souhaite s'allier avec les modérés comme Ferhat Abbas (Farhat 'Abbas) pour entamer une véritable assimilation : le projet de loi Blum-Violette propose donc d'accorder la citoyenneté française à 50 000 musulmans, anciens combattants ou gens instruits. Malgré sa portée limitée, il est rejeté par les Chambres (août 1936), sous la pression des colons algériens. Cet échec accroît le crédit des nationalistes révolutionnaires, qui se trouvent dès lors également en butte à l'hostilité du Parti communiste français. La Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle Alger devient la capitale de la France libre et la tête de pont de l'offensive alliée en Europe méridionale, exacerbe le patriotisme algérien. L'action de Ferhat Abbas, auteur du Manifeste du peuple algérien (1943), qui rejette la politique d'assimilation, lui donne une base idéologique solide.

monde arabes
Berbères


La marche vers l'indépendance

Le jour de l'armistice qui met fin à la guerre, le 8 mai 1945, les espoirs nationalistes s'expriment par des manifestations qui tournent à l'émeute, à Sétif et à Guelma ; la répression qui fait suite oppose désormais irréductiblement les communautés française et musulmane. Le 1er novembre 1954 la ‹ guerre d'Algérie ›, retardée pendant quelque temps par les divisions entre nationalistes, est engagée sous la bannière unique du Front de libération nationale (FLN). La guerre dure huit années, pendant lesquelles le fossé se creuse entre les musulmans et les Français d'Algérie. À la guérilla et aux actions terroristes du FLN répond une dure répression française. Quatre ans d'hésitation de la part des gouvernements successifs de la IVe République amènent les Français d'Algérie, le 13 mai 1958, à provoquer un mouvement, dont l'armée prend le contrôle. Appelé au pouvoir, le général de Gaulle laisse entendre que l'Algérie restera " française ". Pendant les dernières années du conflit, la rébellion subit de durs coups, et le FLN n'est plus guère actif sur le territoire algérien. Néanmoins, la situation politique en Algérie même, où l'indépendance est désormais fortement souhaitée par la population musulmane, incite de Gaulle à modifier sa position. La voie qu'il explore bientôt vers une autodétermination du pays retourne cependant l'opinion française d'Algérie contre lui : ‹ journées des barricades › en 1960, putsch des généraux en 1961 et formation de l'Organisation Armée Secrète (OAS).

L'Algérie indépendante

Les premiers temps de l'indépendance

Finalement, les accords d'Évian le 19 mars 1962, puis le référendum métropolitain, le 1er juillet de la même année, mènent à l'indépendance de l'Algérie, qui est effectivement proclamée le 3 juillet 1962. Un régime présidentiel est institué en 1963, dont Ahmed Ben Bella prend la tête. Celui-ci proclame sa résolution de donner à l'Algérie nouvelle des bases socialistes. Il nationalise et fait distribuer à des anciens combattants les terres abandonnées par les propriétaires français, en instaurant un système d'autogestion dont les résultats se révéleront décevants. Un système de parti unique est par ailleurs instauré et Ben Bella confirme son autorité. Cette évolution suscite une forte opposition au sein même du FLN, et le 19 juin 1965, le colonel Houari Boumediene prend la tête d'un coup d'État et devient le nouvel homme fort du pays.

Boumediene engage dès lors le pays dans un vaste programme de développement agricole et industriel sur des bases socialistes. La nationalisation, en 1966, des grandes compagnies minières et pétrolières étrangères ne résout cependant pas les graves problèmes économiques et sociaux que connaît l'Algérie. En mars 1976, l'opposition rend public un manifeste signé par de nombreux anciens chefs de la guerre d'indépendance (tels Ferhat Abbas, Ben Khedda et Kheireddine). La Constitution du 22 novembre 1976 stipule que le président, désormais titulaire de plus larges pouvoirs exécutifs et législatifs, est élu au suffrage universel, le FLN restant l'unique parti politique légal. Le colonel Boumediene est alors réélu à la présidence.

La politique du FLN

En politique étrangère, l'Algérie se range dans le groupe des pays ‹ non alignés ›, où elle joue un rôle important, et soutient parallèlement les revendications palestiniennes, en s'opposant notamment aux négociations israélo-égyptiennes de 1977, et en réunissant en février 1978 la conférence des ‹ pays du refus ›. L'Algérie est d'autre part entrée en conflit en 1975 avec le Maroc et la Mauritanie sur la question du Sahara occidental, et soutient le Front Polisario.

À la mort de Houari Boumediene, en décembre 1978, Chadli Ben Djedid lui succède à la tête du FLN, puis à la présidence de la République en février 1979. Chadli tente dès son arrivée au pouvoir d'assouplir le système économique, en favorisant notamment l'initiative privée, ainsi qu'en abandonnant la priorité accordée jusque-làà l'industrie lourde. Sa présidence est marquée par plusieurs vagues d'agitation politique : d'abord du fait des Berbères lorsque le FLN décide de considérer l'arabe comme l'unique langue officielle du pays puis, après juillet 1981, lorsque le gouvernement procède à une épuration, sous couvert de lutte contre la corruption, au sein de l'administration. La mauvaise situation économique et la hausse des prix des principaux biens de consommation s'ajoutent dès cette époque aux griefs de la population, provoquant l'agitation urbaine. Réélu à la présidence en 1984, Chadli mène une politique étrangère marquée par des relations renforcées avec l'URSS, mais aussi avec les pays occidentaux, notamment la France et l'Italie dans le domaine commercial.

L'Algérie en crise

L'Algérie connaît cependant une nouvelle période d'agitation politique à la fin des années 1980 (‹ émeutes de la faim › en 1988), et le monopole du pouvoir dont dispose le FLN se voit de plus en plus contesté. Le gouvernement s'engage alors dans une réforme démocratique qui doit prendre effet lors des premières élections législatives libres, en janvier 1992.

Déjà vainqueur des récentes élections municipales, le Front islamique du salut (FIS), mouvement intégriste religieux, remporte nettement le premier tour. Le gouvernement annule alors les élections et ajourne la réforme, mais la situation continue de se dégrader et Chadli est contraint de démissionner le 11 janvier 1992.

Un Haut comité d'État est alors immédiatement formé qui déclare l'état d'urgence, ordonne la dissolution du FIS et convainc Mohamed Boudiaf, un des chefs historiques du FLN en exil au Maroc depuis trente ans, d'en assurer la présidence. Les espérances que suscite l'arrivée de cet homme au pouvoir sont anéanties lorsqu'il est assassiné le 29 juin 1992, à Annaba. Ali Kafi le remplace à la tête du Haut comité d'État.

Les mouvements islamistes tels le FIS et le Groupe islamique armé (GIA) mènent une action clandestine et pratiquent le terrorisme, alors que le pouvoir est exercé par le Haut Conseil de sécurité, dominé par les militaires. Confrontéà une véritable guerre civile, où des mouvements clandestins tentent de terroriser la population et les étrangers présents sur place afin de réduire les liens du pays avec l'extérieur, le gouvernement algérien a renforcé sa légitimité en organisant, en novembre 1995, une élection présidentielle, à l'issue de laquelle le président Liamine Zeroual, désignéà la présidence le 31 janvier 1994, est confirméà son poste. Le président Zeroual mène une lutte sévère contre la guérilla islamiste, alors que celle-ci poursuit son action, multipliant le nombre de victimes parmi la population algérienne et les étrangers encore présents sur le territoire. Les groupes islamistes s'efforcent par ailleurs d'internationaliser le conflit en s'attaquant tout particulièrement aux intérêts et aux ressortissants français (détournement d'un avion civil en décembre 1994, assassinat de sept moines français au printemps 1996). Depuis 1991, l'Algérie s'est de fait enfoncée dans une guerre civile qui ne dit pas son nom et qui paralyse gravement le pays. Bien que l'Armée islamique du Salut ait demandé l'arrêt des combats en septembre 1997, les massacres de civils se poursuivent, notamment dans l'ouest algérien. La visite d'une délégation de l'Union européenne en janvier 1998 suivie de celle de neuf députés européens en février sont restées sans effet sur les tueries qui continuent à ensanglanter le pays.

Les tensions au coeur de la direction collégiale de fait (entre généraux laïques et officiers plus favorables à l'islamisme) conduisent le président Zeroual à provoquer une élection présidentielle anticipée : le 16 avril 1999, l'ancien ministre des Affaires étrangères du président Boumedienne, Abdelaziz Bouteflika, est proclamé vainqueur du scrutin (73,79 % des suffrages exprimés), alors que ses six compétiteurs se sont retirés, dénonçant des fraudes massives lors des premières opérations de vote. En mai, l'Armée islamique du Salut annonce l'arrêt définitif de la lutte armée.

Le 13 juillet 1999, le président Bouteflika propose une loi sur la concorde civile votée sans problème par le parlement et plébiscitée par référendum. Cette loi, qui prévoit d'amnistier ceux des combattants islamistes qui déposent les armes et qui ne sont pas impliqués dans des crimes de sang, suscite un immense espoir. Cependant, un an après l'instauration de cette concorde civile, la paix est de nouveau sérieusement menacée par une recrudescence de la violence sur le territoire algérien. Cette insécurité croissante crée un véritable climat de psychose au sein de la population. En outre, cette offensive de l'opposition qui s'ajoute aux graves crises économique et sociale affaiblit sérieusement la position du président en place.

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Algérie - Géographie
Algérie - Culture




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Encyclopédie : Algérie / Oran

Algérie - Géographie
Façonnée par la conquête arabe et la mainmise ottomane, l'Algérie a aussi été profondément transformée par plus d'un siècle de colonisation française. Engagé depuis son indépendance dans un régime politique socialiste à parti unique, le pays a dû, peu à peu, faire face à une triple crise économique, politique et sociale. Celle-ci a favorisé l'émergence d'un fort courant islamiste qui, depuis les années 1980, s'oppose violemment au pouvoir politique et suscite une véritable guerre civile, qui paralyse le pays.

État d'Afrique septentrionale bordant la mer Méditerranée , bordéà l'ouest par le Maroc , à l'est par la Tunisie , au sud par la Mauritanie , le Mali et la Libye .

Le cadre naturel

Le territoire algérien se subdivise en deux grandes zones géographiques distinctes. La première zone, une bande de 200 à 300 km de large qui s'étend sur 1 200 km de littoral, concentre sur 325 000 km2 l'énorme majorité de la population algérienne. Au sud de cette bande, s'étend l'immense Algérie saharienne (plus de 2 millions de km2 ), domaine du désert .

L'Algérie méditerranéenne

Du nord au sud, le milieu naturel voit se succéder plusieurs cadres géographiques nettement distincts. Essentiellement montagnarde, l'Algérie septentrionale correspond au prolongement de l'Atlas marocain (Moyen et Haut Atlas). Elle se présente sous la forme de deux chaînes parallèles orientées est-ouest, l'Atlas tellien (ou Tell ) et l'Atlas saharien , résultant de la collision entre les plaques tectoniques européenne et africaine. L'Atlas tellien est le plus important de ces massifs (1 000 km de long sur 125 km de large). Il apparaît sous la forme de massifs cristallins dont l'altitude dépasse rarement 2 000 m. Dans sa partie orientale, ses formes sont massives (Edough , Kabylie ) et il est bordé de chaînes calcaires, argileuses ou gréseuses plus jeunes (Ouarsenis , Babors , Djurdjura ) culminant à 2 308 m. Dans sa partie occidentale, ses formes sont plus morcelées. Ces massifs délimitent des dépressions et des plaines comblées par des alluvions de l'ère quaternaire. D'ouest en est se succèdent ainsi les basses plaines du Sig et du Chlef , de la Mitidja (Algérois), de l'Isser et d'Annaba . Plus au sud, se localisent des plaines intérieures et des plateaux étroits (Tilimcin , Sidi Bel Abbès , Chéliff , Medjerda , Arib , Constantinois ). L'Atlas saharien (600 km de long) culmine, quant à lui, à 2 200 m, au Djebel Mzi . Dans son prolongement oriental, mais séparé par la dépression de Chott el-Hodna (400 m), s'inscrit le massif de l'Aurès (2 328 m). Issu du froissement de la couverture calcaire d'âge secondaire recouvrant le vieux socle, le relief de l'Atlas saharien est de type jurassien et se présente sous la forme de plis courts et espacés, tantôt creusés par de profondes combes de flanc, tantôt festonnés de chevrons sous l'effet de l'attaque du ruissellement. C'est entre ces deux chaînes de l'Atlas tellien et de l'Atlas saharien que s'intercale sur près de 500 km, de la frontière marocaine au Chott el-Hodna, la région des Hautes Plaines (70 000 km2 ). D'une altitude moyenne de 1 000 m, celle-ci présente une forte homogénéité et accueille, dans ses parties les plus basses, des lagunes salines plus ou moins desséchées. Plus au sud, le contact entre l'Atlas saharien et l'immense désert saharien s'effectue graduellement, par le biais d'un piémont formé par toute une série de glacis d'érosion modelés par le ruissellement et où se localisent des oasis.

L'Algérie saharienne

Développé sur un socle cristallin d'âge primaire surmonté par une couverture sédimentaire érodée et d'âge essentiellement secondaire, le désert du Sahara se caractérise par des volumes de précipitation dérisoires. Seuls quelques oueds y coulent (oueds Saoura et Tafassasset notamment), dont le lit s'est pour l'essentiel constitué lors des périodes pluviales du début du quaternaire. La végétation y est, de même, totalement absente, du fait de l'érosion éolienne et de la désagrégation mécanique (gel et dégel). Le paysage présente cependant une certaine diversité dans son modelé. Si les champs de dunes fixes de l'erg occidental et de l'erg oriental en constituent la forme la plus connue, la topographie est aussi accidentée par des dunes mobiles, des fossés d'effondrement, de vastes étendues de cailloux (regs ), des carapaces sédimentaires (hamadas ), ou encore des tapis de sel (sebkras ). L'altitude de cet immense ensemble morphostructural n'excède pas 200 à 300 m, mais le vaste terrain élevé entre deux failles, le horst d'origine volcanique de l'Ahaggar, culmine cependant dans le sud-est au mont Tahat , à 3 010 m.

Le climat

L'Algérie saharienne est clairement marquée par un climat aride (moins de 100 mm de précipitation annuelle dans sa partie nord, à peine 20 mm sous le tropique), ainsi que par des contrastes thermiques considérables entre le jour et la nuit. En revanche, l'Algérie méditerranéenne est sous l'emprise du climat méditerranéen. Ainsi, en période estivale, les hautes pressions subtropicales repoussent les perturbations du front polaire vers la mer Méditerranée, induisant des températures élevées ainsi que des périodes de sécheresse, surtout en juillet et en août. En hiver, au contraire, les hautes pressions migrent vers le tropique du Cancer, cédant alors la place aux perturbations humides en provenance de la zone tempérée. Cette Algérie méditerranéenne présente cependant de nombreuses nuances climatiques. La disposition des formes du relief oppose ainsi le littoral, qui profite des influences maritimes (atténuation des contrastes thermiques, précipitations plus abondantes), et l'intérieur, où la continentalité et l'altitude accroissent les écarts thermiques. Un fort contraste existe cependant entre l'ouest et l'est. Ainsi l'Oranie pâtit-elle de l'écran formé par le Rif et le Moyen Atlas marocain ainsi que par la Meseta espagnole, si bien que ses précipitations ne dépassent guère 240 mm. Les précipitations augmentent à partir d'Alger, pour atteindre jusqu'à 2 000 mm, en altitude, dans la région de la Kabylie. La faiblesse et l'irrégularité des précipitations, alliées aux problèmes de l'érosion, conditionnent donc très fortement les activités humaines.

Population et organisation de l'espace

Population

L'histoire de l'Algérie a fortement façonné la physionomie de son peuplement. Ainsi 80 % de la population est d'origine arabe , donc allogène, et résulte de l'invasion du Maghreb dès le VIIe siècle, puis surtout à partir du XIe et du XIVe siècle, par des nomades en provenance d'Arabie, d'Égypte et de Libye. Ce sont eux qui islamisèrent cette contrée, y développèrent leur civilisation et leur langue, et étendirent le nomadisme au détriment des cultures. Le reste de la population est constitué pour l'essentiel par les Berbères (5,5 millions), les plus anciens habitants du Maghreb. Bien qu'islamisés, ils ont su conserver leurs coutumes et leurs parlers traditionnels. Ils sont localisés dans l'est du pays, principalement dans les montagnes telliennes (Grande et Petite Kabylie , Aurès ). Modérée jusqu'au début du siècle, la croissance démographique augmente considérablementà partir des années 1970 : 1,6 % en 1967 ; 3,2 % en 1980 ; 3,1 % en 1992 ; 3,3% en 1998. Elle résulte en partie de la baisse de la mortalité infantile, ainsi que des difficultés auxquelles s'est heurtée la politique de planning familial . La population algérienne est donc en moyenne très jeune. Les moins de 15 ans représentent 44 % de la population totale, les plus de 60 ans seulement 5,8 %.

Une densité contrastée

Par rapport à l'immensité du pays, la densité de la population est très faible (12,7hab. au km2 ). Mais sa distribution spatiale révèle de très forts contrastes régionaux, 94 % des 30,2millions d'Algériens se concentrant en 1999sur 1,5 % du territoire, soit l'Algérie " utile " (Tell, Oranais, Algérois, Kabylie). En revanche, les 2 millions de km2 du désert saharien ne comptent en moyenne que 0,5 habitant au km2 . Alimentée initialement par un fort exode rural, puis relayée par un taux d'accroissement naturel élevé, l'urbanisation s'est accélérée depuis les années 1960, 60% de la population résidant dans les villes en 1999. Le maillage urbain s'est par ailleurs progressivement resserré, de nombreuses bourgades sont devenues des villes. De même, plusieurs villes nouvelles sont nées à la faveur de l'exploitation des richesses du sous-sol (Hassi-Messaoud , Hassi R'Mel , etc.). Si le littoral accueille l'essentiel de la population citadine, l'arrière-pays tend également à se repeupler grâce à l'industrialisation des petits centres ruraux (souvent promus au rang de chefs-lieux administratifs), avec l'implantation de services de niveau moyen (poste, télécommunications, etc.), voire supérieur, tels que des hôpitaux ou des cours d'appel (Oranie, montagnes telliennes, Hautes Plaines, Kabylie). Nombre de villes algériennes ne sont donc plus la simple concentration de chômeurs du secteur agricole. À l'inverse des capitales du Maroc et de la Tunisie, Alger n'a pas proportionnellement accru sa position dans la hiérarchie urbaine. Elle présente même une proportion moindre de citadins qu'au lendemain de l'indépendance. Corrélativement, les villes algériennes traversent une grave crise urbaine qui se traduit par l'insuffisance des logements et des infrastructures de base, la déficience des approvisionnements, la dégradation accélérée du bâti, notamment dans les centres historiques (médinas), et l'émergence de bidonvilles dans les banlieues.

Organisation de l'espace

Économie

L'économie algérienne, désorganisée par le départ brutal des Européens au lendemain de l'indépendance, a été dotée au cours des années 1960 de structures conformes à l'orientation socialiste du régime algérien : nationalisations, industrialisation lourde (sidérurgie à El-Hajar ; raffinage pétrolier et liquéfaction du gaz à Arzew ; industries de base à Annaba et à Skikda ) - planification rappelant celle suivie par l'URSS des années 1920. Devant l'échec de cette politique, ces orientations ont été progressivement infléchies au cours des années 1980 par le développement d'une économie plus libérale (ouverture du capital des entreprises aux intérêts privés, par exemple). L'industrialisation n'en reste pas moins formidablement concentrée sur quelques pôles littoraux, les décentralisations opérées par l'État dans les années 1980 n'ayant concerné que des activités de second ordre dans le cadre de la traditionnelle politique de substitution aux importations (filature-tissage, tanneries, conserveries, etc.). Mais cette industrialisation souffre de plusieurs faiblesses structurelles graves. Elle est très dépendante de l'importation coûteuse de biens d'équipement, de pièces détachées ou encore de technologies occidentales. Elle est surtout largement tributaire de l'exploitation des richesses pétrolières et gazières découvertes en 1956 à Hassi Messaoud et à Hassi R'Mel (avec respectivement 1 260 millions de tonnes et 3 000 milliards de m3 de réserves), qui assurent97% des exportations du pays en 1998, mais qui sont tributaires des variations du cours du brut. Le sous-sol algérien offre par ailleurs des gisements de matières premières qui font l'objet d'une exploitation systématique : cuivre, fer, mercure, phosphates, plomb, uranium, zinc.

Malgré le rééchelonnement de sa dette obtenu en 1994 et 1995 avec les Clubs de Paris et de Londres, la production industrielle ne cesse de baisser (1998 est sa sixième année consécutive de récession), la dette dépasse 71% du PIB et le chômage atteint 29% de la population active.

Agriculture

À l'image de l'industrie, l'agriculture a connu de profonds bouleversements à partir de 1962, avec la transformation en coopératives autogérées des 22 000 domaines laissés par les Européens. En 1971, une révolution agraire a redistribué 1 million d'hectares de terres, principalement au bénéfice de coopératives de production. Mais, en dépit du développement des infrastructures hydrauliques mises en place pour pallier l'insuffisance et l'irrégularité des précipitations (barrages, périmètres irrigués), la part de la production agricole n'a cessé de régresser. Ainsi en va-t-il des cultures héritées de la colonisation (vigne, céréales, agrumes). Cette agriculture souffre en outre de pesanteurs administratives multiples, de l'archaïsme encore considérable de ses structures et de sa faible productivité. Elle pâtit également de la concurrence exercée par l'urbanisation galopante et l'industrialisation. Pour toutes ces raisons, la couverture des besoins alimentaires par la production nationale n'a cessé de décroître : 70 % en 1962, 25 % en 1992.

kabyles
Sahara


Voir articles complémentaires :
Algérie - Histoire
Algérie - Culture

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Oran
Ville et port d'Algérie, chef-lieu de wilaya, sur la Méditerranée.

Située entre le cap montagneux du Murdjajo (Santa Cruz) et la lagune temporaire d'une sebkha intérieure, Oran a longtemps tourné le dos à son excellent port, abrité des houles de l'ouest ; elle a étalé ses quartiers modernes sur le plateau, avant que son front de mer ne s'étende vers l'est. Seule la vieille ville, d'allure typiquement espagnole, étage le long d'un ravin ses modestes maisons et ses escaliers raides, qui contrastent avec les avenues bien tracées des quartiers résidentiels.

Le port, qui fut le plus important d'Algérie, est bordé par les docks et par des usines de transformation. Son trafic est constitué en majeure partie par des importations de produits manufacturés ; ses exportations proviennent des industries légères locales, ou consistent en denrées agricoles (céréales, vins, alfa), venues du Sud par une voie ferrée étroite ou la voie normale desservant les plateaux intérieurs (Sidi-bel-Abbès, Tlemcen) jusqu'à la frontière marocaine. Oran est reliée par un tunnel routier à la magnifique rade voisine, Mers el-Kébir, que la France avait aménagée en base navale pour contrôler à distance le passage de la Méditerranée à l'Atlantique. Ville universitaire depuis 1966, Oran est aussi un centre industriel et commercial à l'échelle régionale.

L'agglomération comptait environ 600 000 habitants en 1994.

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Définitions

> sirocco ou siroco
(nom masculin)
Vent du sud-est, chaud et sec, soufflant du Sahara vers le littoral.

> saroual ou sarouel
(nom masculin)
Pantalon bouffant porté en Afrique du Nord.

> opérette
(nom féminin)
Petit opéra comique de style léger.

> poivron
(nom masculin)
Piment doux.• Fruit de cette plante utilisé comme légume.

> patio
(nom masculin)
Cour aménagée à l'intérieur d'une habitation, pour l'agrément.• (Anglais: patio).

> pois
(nom masculin)
Plante comestible de la famille des papilionacées.• Graine de cette plante.• Pois chiche.• Petit disque de couleur disposé avec d'autres sur un tissu pour servir d'ornement.• Pois de senteur: plante grimpante ornementale.•

> chiche
(adjectif)
Parcimonieux, avare.• Peu abondant.• Pois chiche: plante à gousse qui donne des graines jaunâtres.•

Thursday, July 15, 2004

Fin de matinée

Assise sur la petite marche en pierre devant la lourde porte boisée de la maison familiale, Léa dessinait avec ses pieds nus des arcs qui, à chaque passage soulevaient de minuscules nuages de terre rouge qui s'incrustaient toujours plus profondemment sous les ongles et entre ses orteils. La matinée tardait à laisser la place à l'après-midi, le temps choyé de la sieste, des sols mouillés pour "garder la fraîcheur" et des volets clos. Les préparatifs pour le déjeuner s'éternisaient. L'odeur des poivrons grillés tapissait l'air d'heureuses promesses. Léa se délectait à l'idée de bientôt manger une salade de poivrons, agrémentée d'ail et d'huile d'olive et de quelques quartiers de tomates. Absorbée par les arabesques qu'elle formait du bout des pieds, elle fut surprise quand le marchand de glace la salua. Il était attifé d'un sarouel et une chinchilla lui protégeait la tête.

Amorce

Aujourd'hui j'ai décidé d'écrire le premier jet de mon premier roman sur ce blog. Il s'agit simplement d'un coup d'essai, juste pour voir et donc chers lecteurs vous pourrez suivre l'élaboration de cette hsitoire dont je n'ai pas encore dessiné les contours.
Les premiers éléments sont descriptifs. Un lieu, Oran, Algérie. Deux dates : 1830-1962, Des gens : tous issus d'une mémoire familiale. L'histoire d'une famille juive pendant la colonisation française. Un exercice de réminiscence.